La christianisation de l’Empire romain.

La christianisation de l’empire romain est un processus historique qui s’étend du Ier au IVe siècle après J.-C. Il désigne la diffusion du christianisme, une religion monothéiste fondée sur la prédication et la mort de Jésus de Nazareth, au sein d’un empire dominé par le polythéisme et le culte impérial. Ce processus implique des transformations religieuses, culturelles, politiques et sociales qui affectent l’ensemble de la société romaine.

Le christianisme apparaît au Ier siècle en Palestine, une province romaine située à l’est de la Méditerranée. Il se répand d’abord parmi les Juifs, puis parmi les non-Juifs, appelés les païens. Les premiers chrétiens sont persécutés par les autorités juives et romaines, qui les considèrent comme une secte dangereuse et subversive. Les persécutions sont sporadiques et locales, mais elles renforcent la cohésion et le sentiment d’appartenance des chrétiens.

Le christianisme se diffuse progressivement dans tout l’empire, grâce aux voyages des apôtres, aux réseaux commerciaux, aux routes et aux villes romaines. Il touche surtout les couches populaires et les femmes, mais aussi quelques membres de l’élite. Il se développe particulièrement dans les provinces orientales, où il entre en contact avec les cultures grecque, syrienne et égyptienne. Il se diversifie en plusieurs courants doctrinaux, parfois opposés, qui donnent lieu à des controverses et à des conciles.

Au IIIe siècle, le christianisme connaît une crise interne, marquée par des schismes et des hérésies, et une crise externe, marquée par des persécutions plus intenses et plus générales, sous les empereurs Dèce et Dioclétien. Ces persécutions visent à restaurer l’unité religieuse et politique de l’empire, menacée par les invasions barbares, les troubles sociaux et les usurpations. Elles échouent à éradiquer le christianisme, qui résiste et se renforce.

Au IVe siècle, le christianisme connaît un tournant décisif, avec la conversion de l’empereur Constantin, qui met fin aux persécutions et accorde la liberté de culte aux chrétiens par l’édit de Milan, en 313. Constantin favorise le christianisme, qu’il considère comme un facteur de stabilité et de légitimité pour son pouvoir. Il intervient dans les affaires religieuses, convoque le concile de Nicée, en 325, pour résoudre la question de la nature du Christ, et se fait baptiser sur son lit de mort, en 337.

Sous les successeurs de Constantin, le christianisme devient progressivement la religion dominante, puis la religion officielle de l’empire. Les empereurs Théodose Ier et ses fils interdisent le paganisme et répriment les cultes traditionnels. Ils imposent le credo de Nicée comme la doctrine orthodoxe et combattent les hérésies, comme l’arianisme. Ils renforcent le pouvoir et l’organisation de l’Église, qui devient une institution hiérarchisée, dotée d’un clergé, d’un droit, d’un patrimoine et d’une liturgie.

La christianisation de l’empire romain entraîne des changements profonds dans la société et la culture romaines. Elle modifie les rapports entre les hommes et les dieux, entre les individus et le groupe, entre le pouvoir et la religion. Elle crée de nouvelles formes d’expression artistique, littéraire, philosophique et juridique. Elle contribue à la formation d’une identité chrétienne, qui transcende les frontières politiques et ethniques. Elle prépare la transition entre l’Antiquité et le Moyen Âge.


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